Les plus gros bonus de traders en France

L'histoire des bonus

Les bonus des traders sont un mode de distribution de primes apparu à la fin des années 1980 dans les grandes banques anglo-saxonnes, qui s'est ensuite répandu dans les banques et salles de marché d'autres pays, dont la France.

Il s'agissait à l'origine d'un budget alloué en cash et par service, le responsable de chaque équipe étant chargé de répartir les primes annuelles venant ainsi s'ajouter aux rémunérations fixes. Ces primes étaient et sont encore théoriquement proportionnelles à la performance individuelle des bénéficiaires, mais elles dépendent essentiellement des services concernés.

Si les traders n'en sont pas les seuls bénéficiaires (les services de contrôle, les chefs d'équipe, etc., perçoivent aussi une part des enveloppes annuelles), l'importance d'un département dans les résultats finals d'une banque ou d'une société d'investissement est décisive : l'enveloppe globale du département « dérivés actions » est par exemple plus importante que l'enveloppe d'un département moins exposé au risque et moins rentable.

La justification des banques quant au versement (et au provisionnement) annuel de bonus est celle de la concurrence et de la performance : il s'agit de garder les meilleurs éléments humains dans un environnement très concurrentiel.

Analyse des bonus des traders d'établissements français au titre de l'exercice 2010

Remis au gouvernement français en janvier 2011, le rapport Camdessus a analysé avec précision le montant total des bonus distribués aux traders d'établissements financiers français.

L'enveloppe totale distribuée au titre de l'exercice 2010 s'est élevée à 3 milliards d'euros distribués par 4 banques (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis), les 2/3 de cette somme ayant bénéficié à 8200 traders professionnels, mais 400 personnes parmi eux (dont 40 % étaient basés à Paris, 26 % à Londres et 16 % à New-York) ont bénéficié de 99 % de l'enveloppe totale de leur banque.

Les bonus versés aux traders « français » au titre de l'exercice 2010 se sont élevés à 242.000 euros en moyenne, variant de 0,1 à 10 millions d'euros, les 100 traders les mieux payés de chacune des 4 grandes banques percevant au moins 1,7 millions d'euros, et 50 d'entre eux au moins 2,5 millions. En tout, dix traders auraient perçu un bonus plus de 50 fois supérieur à leur salaire fixe.

L'argument de la concurrence entre opérateurs au niveau mondial semble justifié par les éléments suivants, qui concernaient également l'exercice 2010 : à elle toute seule, la banque Goldman Sachs a provisionné cette année-là 15 milliards de dollars, et la banque JP Morgan 10 milliards de dollars.

Evolution des bonus versés aux traders

La tendance générale des bonus était déjà à la diminution de la part de cash dans ces rémunérations variables versées aux traders, mais la directive européenne CRD III, transposée en droit français, est venue apporter des précisions à visée d'encadrement. Au titre de l'année 2011, 45 % des bonus ont été versés en actions, et 60 % des bonus versés en actions l'ont été avec des clauses de non-revente sur trois ans.

Les montants des plus importants bonus ont certainement été maintenus (ce qui fait que la rémunération des traders-stars était et demeure bien supérieure, par exemple, à celle des patrons des entreprises du CAC 40), mais l'enveloppe globale des traders des banques françaises a fortement reculé (environ - 50 % en 2011 par rapport à 2010), la baisse des résultats et des cours de bourse de ces mêmes banques ayant certainement contribué, en plus de l'encadrement réglementaire, à un tel plongeon.

Le G20 s'est de son côté engagé à « contrôler » les bonus des grandes banques des 20 pays membres, en demandant que leurs pratiques de rémunération soient officiellement publiées chaque année. Le rapport Camdessus avait pour sa part émis l'opinion selon laquelle de tels volumes de primes s'apparentaient à une participation aux résultats des établissements financiers concernés.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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